Définir le growth engineering avec la méthode expérimentale

La meilleure définition que j'ai trouvée pour expliquer mon métier.

Les questions sur mon métier sont celles auxquelles j’ai le plus de mal à répondre. Les métiers de la tech sont généralement compliqués à décrire—celui de growth engineer encore plus car il est rare.

Depuis que je l’exerce, je cherche différentes manières de l’expliquer :

  1. pour être compris de mes interlocuteurs

  2. sans tomber dans la catégorie des types à bullshit job

La plus simple des définitions

Après plusieurs mois d’essais-erreurs, je suis parvenu à cette explication minimaliste :

“Je code et j’automatise pour les équipes marketing”

C’est celle que je donne par défaut, en particulier aux personnes qui ne travaillent pas dans la tech. Je n’ai pas besoin de définir le growth, ni d’utiliser des anglicismes prétentieux et “bullshit”.

Quand j’ai plus de temps

En revanche, quand mon interlocuteur connait la tech, j’explique le growth engineering de manière beaucoup plus précise et rigoureuse :

  1. d’abord en définissant le growth

  2. puis le growth engineering

  3. et, finalement, en illustrant la définition d’un exemple en provenance d’AirBnB

1. Définition du growth tout court

Générer de la croissance pour une entreprise avec la méthode scientifique expérimentale.

La méthode expérimentale a été popularisée par Claude Bernard il y a 200 ans. Elle a permis les avancées scientifiques significatives qu’on connait aujourd’hui (notamment en médecine).

La méthode expérimentale c’est :

  1. émettre une hypothèse pour expliquer un phénomène

  2. élaborer un protocole pour vérifier l’hypothèse

  3. réaliser le protocole

  4. en acquérir les résultats

  5. les analyser

  6. puis conclure.

Le métier de “growth” est né lorsque Facebook a décidé d’appliquer cette méthode à sa propre croissance. Dans ce contexte, il s’agit d’émettre puis valider des hypothèse de croissance.

2. Définition du growth engineer

Dans une boîte tech, “réaliser un protocole” et “en acquérir les résultats”, ça veut souvent dire “coder” et “automatiser”.

Les compétences d’un growth sont parfois insuffisantes pour y parvenir : il faut davantage de compétences techniques. Il faut un growth engineer.

Son métier : réaliser les expériences de croissances les plus techniques.

3. L’exemple d’AirBnB

À leur lancement, AirBnB se sont dits que ce serait bien que toutes leurs annonces soient publiées simultanément sur Craigslist (aka “le Leboncoin américain”) :

  • non seulement les appartements seraient plus visibles dessus

  • mais en plus une partie du traffic serait redirigé vers AirBnb.

C’était l’hypothèse de croissance.

Alors, les growths de l’équipe ont suggéré de développer un bouton sur le site d’AirBnb qui, quand on clique dessus, publie simultanément l’annonce sur AirBnB et sur Craigslist.

C’était le protocole.

Malheureusement, ajouter ce bouton au site requerrait de savoir coder. C’est là que les growth engineers sont entrés en scène.

C’est eux qui ont codé ce bouton et l’ont ajouté au site. Ils ont réalisé le protocole.

Il n’a plus resté qu’à en acquérir des données (e.g nombre de personnes redirigées de Craigslist vers AirBnB) puis à les analyser.

L’hypothèse de croissance a évidemment été validée : ce bouton a effectivement contribué positivement à la croissance d’AirBnb.

C’est la raison pour laquelle l’anecdote est maintenant célèbre.

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